Classement Vuillemot 2001

Comme l’an dernier c’est notre double champion du monde, champion d’Europe, qui mène le peloton des tous meilleurs compétiteurs français ! J’ai nommé Jean-Marc Caillard, bien sûr. Malgré ce qu’on oserait à peine appeler une contre-performance pour le commun des mortels, à savoir une médaille de bronze aux récents championnats du monde de Mafikeng, Afrique du sud, en décembre dernier, mais qui en est une pour lui, tellement il nous avait habitués à gagner. Mais ce n’est certainement pas le reflet de sa vraie valeur – sa modestie dût-elle en souffrir ! – car de source bien informée il paraît que le Champion n’était pas au mieux de sa forme en cette période de fin d’année, habituellement plus propice aux descentes de cheminée du petit papa Noël dans le frimas hivernal qu’aux ascensions thermiques à l’ombre des cumulus… A noter, vu la différence de points minime qui le sépare de la médaille d’or de son compère Laurent Aboulin, que sa troisième place lui vaut une « perf » de 997, à deux petits points du vainqueur (les 1000 points sont ratés de peu en classe standard ; seule la classe 15 mètres les atteint, la classe libre devant se contenter de 987 – rappelons que cela tient compte des points au classement international des 10 premiers concurrents– mais la classe standard était plus relevée cette fois ci qu’à Bayreuth en 1999 ou le titre ne « rapportait » que 978 points). Et que son score de 994,2 points au classement Vuillemot 2001 – qui prend en compte, est-il encore besoin de le rappeler, les trois dernières années 1999 à 2001 – n’est plus bien loin du maximum théorique de 1000 points. A ce point que même une victoire aux championnats d’Europe 2002 de Bekescsaba, avec 990 points, ne lui rapporterait pas assez pour le maintenir… le lecteur pour qui tout ceci serait du chinois se reportera à la formule complete du Vuillemot, en vigueur ces dix dernières années, sur le site web http://classement.vuillemot.free.fr/, où ils trouveront également tous les résultats valorisés des compétitions ainsi que les classements complets.

A la deuxième place, tous varios en butée avec un bond de 73,6 points et de 13 places par rapport au classement 2000, mais encore distancé de 15 points tout rond, nous trouvons donc sans surprise notre nouveau Champion du monde Laurent Aboulin, avec lequel, sans doute aucun, la relève sera plus qu’assurée le jour ou Chacha décidera, non pas de se reposer sur ses lauriers, mais de se tourner vers d’autres défis… Tous deux ont à leur actif une médaille d’or mondiale et une de bronze, mais le titre de Champion d’Europe de Jean-Marc à Lüsse (en l’an 2000) fait la différence, alors que les autres performances de Laurent sont nettement en retrait (800 points seulement au prémondial la même année).

Troisième, et gagnant encore 33 points et 2 places au terme d’une progression fulgurante ces dernières années, Sébastien Dubreuil, pour deux petits points seulement, arrache le podium à son coéquipier de classe mondiale Olivier Darroze, quatrième malgré un bond de 9 places et près de 50 points : ils ont été tous deux champions de France en 2000, et, serait-on tenté de dire, tous deux aussi champions du monde à Lillo en juillet dernier, puisque non seulement ils ont volé en patrouille serrée, terminant 1er et 2nd à quelques points d’écart, mais qu’à une épreuve près leur position relative eût été inversée… Ils ne sont départagés que par la cote plus forte en classe libre qu’en classe club au championnat de France 2000.

Ex-æquo à la cinquième place, trois points plus loin à peine, Juju et Gégé, qu’on ne présente plus tellement ils squattent les toutes premières places du Vuillemot depuis des temps immémoriaux… Julien résiste avec son titre de champion du monde Piwi (1999, Leszno) et deux trophées nationaux (Romo, 1999 et 2000), mais paie ses résultats « décevants » en 2001 (eh oui, on ne peut pas être champion du monde tout le temps, même quand on s’appelle Henry !) ; Gérard, privé de championnats internationaux depuis 1999 malgré une honorable 7ème place à Bayreuth (943 points), revient en force avec deux titres nationaux en 2001, à Vinon et Rieti ; n’en déduisons pas que seule la montagne lui réussit, son titre de champion d’Europe de 1992 dans la plaine hongroise en est le témoin, à Bekescsaba… déjà !

Derrière ces six échappés, le trou est fait puisque presque 20 points les séparent de leurs poursuivants Hoyeau, Hauss et Napo, qui pourtant progressent avec des résultats honorables à Mafikeng pour Fred et Éric et un titre de champion de France sur ses terres sud-alpines à l’actif de Didier… L’an dernier nous appelions de nos vœux une plus forte participation aux championnats de France de nos représentants internationaux, voilà qui est fait : bravo… et pourvu que ça dure ! Ce championnat de France en montagne a également permis la confirmation des talents de Laurent Lejeune et Christophe Ruch, et surtout l’irruption fracassante d’Yves Blondé à la douzième place grâce à sa brillante victoire en standard malgré une opposition on ne peut plus relevée, comme en témoigne la mise maximale de 960 points qu’il rafle à Vinon. Les valeurs sûres que sont Henry (père), Montigny et Navas complètent ce tableau des quinze premiers, qui ne serait pas complet si on n’y ajoutait Matthieu Kril, champion de France en titre classe club, 21ème, et Carl Audissou, champion de France des moins de 25 ans, à la 51ème place.


moins de 25 ans


Celui-ci n’est que 6ème du classement Junior enlevé par les internationaux Damien Van Landeghem, Sylvain Gerbaud (qui a repris vaillamment le flambeau hélas trop tôt laissé par Gilbert) et Barthélemy Gras. La valeur n’attendant pas le nombre des années, le championnat des moins de 25 ans n’est peut-être pas assez coté dans le Vuillemot, mais leur participation régulière à des championnats seniors permet de mieux « étalonner » ces nouveaux compétiteurs.

féminines


Au classement féminin c’est sans surprise Claire Luyat, 16ème du classement général, qui mène, mais elle ferait bien de se méfier car derrière elle ça se bouscule, avec trois juniors dans les cinq premières, dont une polytechnicienne nouvelle venue mais déjà experte ès règlements…

Cotes des compétitions

Dans la mêlée des concours sélectifs c’est une fois de plus Romorantin qui est en première ligne (sa cote atteint le plafond des 900 points en classe 15m), talonné de près cette année par Bailleau - classe standard - qui passe à 890 en avant contre 785 seulement en 2000, grâce au débordement concomitant et amical aux premières places de compétiteurs de haut niveau belges, breton et allemands… L’Alsace et la Lorraine résistent le mieux à la poussée parmi les concours régionaux (respectivement 880 et 851 points…) ; le Centre, intercalé, ne transforme pas l’essai marqué l’an dernier (872 au lieu de 900 points) et PACA est poussé en touche avec seulement 733 points. Rappelons que Vinon et Issoudun étaient hors-jeu en tant que concours fédéraux cette année pour cause de championnats de France ou du monde. Et comme tous les ans, à près des trois-quarts de la cote maximale, le Challenge Schalow est à la pointe des concours amicaux, avec 769 points. L’arrière est solidement tenu par le concours ASK 13 à St-Crépin (seuls les planeurs sont classés au Vuillemot, mais Bada m’a promis à l’avenir de me livrer les noms des pilotes, sachant que même s’ils sont 3 ou 4 à se relayer sur la même machine le principe permet de les classer tous…)

La participation est sensiblement égale à l’année précédente, avec 423 pilotes français en 2001 pour 560 participations, et 800 pilotes au total sur la période 1999-2001 (pour 1678 performances, soit une moyenne par pilote de 2,1 participations sur 3 ans). C’est moins que dans la première moitié de la décennie 90 où on comptait entre 900 et 950 compétiteurs. C’est peu, en tout cas, par rapport à la bonne centaine de nouveaux pilotes qui s’essaient chaque année à la compétition : le renouvellement est d’un quart tous les ans. Je suis pourtant persuadé que l’évolution des règlements, apportant plus de souplesse dans le choix des épreuves et limitant les risques de vache, celle des moyens techniques, GPS et autres systèmes de transmission de position en temps réel, devrait à terme permettre à chacun d’aborder au mieux la compétition et à tous, y compris aux spectateurs (à défaut de media…) d’y trouver plus d’intérêt.

Mais il faut sans doute un temps d’adaptation que ce soit pour les organisateurs ou pour les concurrents : on a vu à Mafikeng (via internet pour ce qui me concerne) que le principe prometteur des épreuves sur secteurs était un peu gâché, à cause du choix de secteurs triangulaires, étriqués et difficiles à négocier, ce qui a conduit certains pilotes (et non des moindres !) à terminer avant la fin du temps minimum, ou à se retrouver bloqués par l’orage. Les mêmes épreuves avec des secteurs circulaires de dimensions beaucoup plus grandes auraient été parfaitement réussies… Sans doute une réticence inconsciente du task setter à trop laisser la bride sur le cou des pilotes ? Pour ce qui est des pilotes voire des team managers, certains n’ont visiblement pas compris qu’il ne servait à rien de chercher à faire un point bas pour engranger la distance maximale à la fin du time-out, puisque c’est la vitesse à l’arrivée qui comptait…

Le règlement mis en vigueur par l’IGC au 1er octobre 2002 contribuera, j’espère, à clarifier les esprits puisqu’il sera enfin le même pour tous les championnats internationaux, et qu’il abandonnera les sigles pour des noms d’épreuves plus parlants : circuit « classique » (Racing task), épreuve de vitesse (Speed task), épreuve de distance (Distance task) ; le parcours est imposé pour le premier type d’épreuve, alors que les deux autres utilisent soit des secteurs imposés (Assigned Areas) soit des points de virages au choix (Cat’s Cradle). L’expérience montre que l’épreuve qui a le plus de succès, en dehors du circuit classique, est celle qui utilise les secteurs, car elle disperse les concurrents mais tout en garantissant que les conditions rencontrées seront similaires. La confusion citée plus haut n’aura plus lieu d’être : la notion de limite de temps (time-out) ne s’appliquera qu’à l’épreuve de distance, celle de vitesse à l’arrivée, qu’à l’épreuve de vitesse…

A plus long terme, une réflexion est engagée pour rendre plus attractive les compétitions de vol à voile pour le public, si tant est qu’il y ait… j’espère qu’on ne sacrifiera pas l’intérêt des compétitions pour les pilotes eux-même à un public encore très hypothétique ! Utilisant par exemple des départs « régate » ou contre-la-montre, des sélections par poules, voire par duels successifs comme dans d’autres sports. On pense aussi à utiliser la règle du « joker », comme jadis la Plaimont, consistant à effacer les conséquences de la plus mauvaise épreuve de chaque pilote… les débats sont ouverts (voir le site de l’IGC http://www.fai.org/gliding/).

Au niveau des compétitions nationales, régionales ou amicales, les règles sont bien sûr plus souples ; à nous de tirer parti au mieux des nouvelles formules proposées, d’apporter des idées nouvelles ou de les expérimenter. On parle par exemple d’étendre l’utilisation des GPS grand public pour nos championnats (comme il en est question pour les insignes FAI). L’objectif est d’encourager la participation autant que faire se peut, pourvu que les moyens de s’assurer du bon déroulement du vol existent, s’agissant en particulier du respect de l’espace aérien et des altitudes limites.

Terminons en signalant qu’après avoir diminué brutalement le rayon terrestre en 1991, ce qui a eu pour conséquence que certains records sur 100 km se sont retrouvés être des vols de 99 km et des poussières, la FAI vient de s’apercevoir que la Terre n’était pas sphérique, et autorise désormais l’utilisation de l’ellipsoïde WGS 84 pour les calculs de distance, ce que font depuis toujours les GPS grand-public et ce que fera l’IGC à partir du 1er octobre 2002. La mauvaise nouvelle est que les logiciels existants, y compris ceux des calculateurs de vol, sont à modifier… et que pour les compétitions il faudra prendre une marge supplémentaire pour être sûr d’être dans un secteur (ou hors d’une zone interdite) tant que le logiciel n’est pas à jour…. La bonne nouvelle, c’est que si les distances nord-sud des circuits existants, sous nos latitudes, ne varieront pratiquement pas (contrairement à l’équateur où elles diminueront et aux pôles où elles augmenteront, aussi surprenant que cela puisse paraître…), les branches est-ouest verront leur distance officielle augmenter, d’environ 3 km pour 1000 ! De plus longs circuits en perspective, donc…

Denis Flament - janvier 2002